Johanna Perret
solidariteitstentoonstelling du 15/06 au 07/09 2020
Ex.Péri.Mental#2 du 01/10 au 30/10/2017
(…) Le travail de Johanna Perret prend en charge tout à la fois un héritage historique, un savoir-faire affirmé et un ancrage contemporain par le biais du détournement. L’essentiel réside peut-être dans le choix d’un temps d’exécution long à une époque de vitesse, de zapping et d’hyperactivité. Par ce mode de fonctionnement, elle installe une pratique de la peinture de nature méditative qui contraste avec sa propre nature vive et passionnée. En peignant elle se met dans un état cotonneux d’hypersensibilité qui la place hors du temps, dans un bain coloré dont elle module à l’envi les nuances et qui gagne et enveloppe le spectateur (…) . Mais la séduction qui se dégage de ses œuvres n’est pas exempte de danger. L’ironie réside dans le jeu de faux semblants qui court-circuite l’impression insouciante d’un style fleuri pour reproduire l’horreur et fait naître des gaz polluants un sentiment de transcendance.
extrait de Pièges et Mirages, par Viallat, 2018
Johanna Perret ne s’intéresse pas tant à la violence qu’à sa représentation. Si la souffrance est un fait organique que l’on peut étudier et médicaliser afin de la réduire ; la violence, celle qui vise à faire souffrir, est souvent le fruit d’une mise en scène. Elle est le révélateur autrement plus cru du fonctionnement d’une société donnée, de ses mécanismes symboliques et de sa réalité vécue, aussi traumatisante soit-elle. Ici, on voudrait distinguer la réalité anthropologique du réel rationnel au sens de hard-science – à condition toutefois que celui-ci existe indépendamment de celle-là. Devant certaines extrémités, la raison vacille, perd ses fondamentaux et cherche d’autres agencements. Prise au piège du mal, elle lâche le sens commun, s’accuse elle-même, se tord comme un ver, se condamne. Il lui faut un ordre autre – un récit autre du réel qui fasse sens dans l’absurde. La violence faite à la chair du supplicié pénètre intentionnellement l’esprit de la foule qu’il faut soumettre. Elle s’y propage comme un dogme et installe la structure que véhicule son esthétique. L’ordre nouveau est là, avec priorité sur la vie. C’est un mécanisme difficile à retourner.
extrait de Gésir, par Hervé Ic, 2017